Télétravail occasionnel, oui ! À temps plein, non !
La crise sanitaire que nous traversons a obligé de nombreux salariés à se mettre à 100% au télétravail, dans des conditions loin d’être optimales. PSA vient d’annoncer une amplification forte du télétravail qui deviendrait quasiment la norme, la règle générale. Est-ce une bonne idée ? Une mauvaise idée ? Tout est un sujet de culture d’entreprise et d’accompagnement. Vos collaborateurs sont prêts à sauter le pas ? Attention aux croyances.
Après avoir souvent plébiscité ce mode de travail à distance, ne vont-ils pas plutôt se dire : « plus jamais ça ! » ?
Le 100% télétravail peut avoir des conséquences plus ou moins graves sur le moral et la santé mentale en général. Découvrez les 5 obstacles au télétravail, impactant aussi bien le bien-être des télétravailleurs que l’organisation globale des entreprises.
1. Le stress
« Je n’ai jamais autant travaillé que durant le confinement », « Cela ne s’arrête jamais », « Au moins, au bureau, on avait des pauses avec les copains » sont les verbatims entendus chez nos clients depuis plusieurs semaines.
Si le premier avantage du télétravail couramment cité est l’équilibre vie privée / vie professionnelle, il peut parfois mal tourner. En effet, avec des horaires de travail rendus plus flexibles, le revers de la médaille est de ne plus trouver la limite entre les deux. Un risque considérable sur le bien-être du salarié qui peut travailler à toute heure, ou bien trop longtemps, sans personne pour l’arrêter. Un risque d’autant plus difficile à gérer si le salarié aime son travail et pose donc encore moins les limites. Dans le pire des cas, le mal-être du télétravailleur peut même conduire à un burn-out.
Pour rappel, pour Hans Selye (l’homme qui a formalisé le concept biologique du stress dans les années 1920), le stress est « un état émotionnel déplaisant ».
Dring, un message sur Slack, dring, une visioconférence qui démarre, dring, interrompue par des messages sur le groupe WhatsApp…
Hyper connecté mais isolé, on peut se noyer, emporté par cette vague d’information numérique. …En télétravaillant à temps plein, on peut vite se mettre la pression tout seul. Le stress est aussi de vouloir paraître occupé et se sentir obligé de rester en ligne sur Slack ou Skype pour prouver qu’on travaille.
Alors qu’on dresse souvent un portrait idéalisé du télétravail (moins de trajet, plus de tranquillité), on peut aussi ressentir du stress de devoir rendre plus de compte parce qu’on n’est pas au bureau, du stress d’avoir à être plus productif car on fait moins de trajet et qu’on est sensé avoir moins de distraction en étant tranquille chez soi pour travailler. C’est là que le besoin d’échange face à face, les collègues, l’ambiance générale, se fait indispensable
2. L’isolement
« Je suis seul face à mes responsabilités », « Finalement, je suis autonome par obligation », « Les réunions me manquent ».
Rester seul face à un écran à temps plein, même hyper connecté, revient quand même à s’isoler des autres, des collègues, de l’ambiance collective de travail. D’ailleurs, pour 73% des actifs interrogés (selon une récent sondage Odoxa), le télétravail isole les salariés et diminue le sentiment d’appartenance à l’entreprise(pour 57%). Heureusement, les réunions à distance réussissent souvent à maintenir le lien tout en faisant avancer les projets.
« Télétravail occasionnel, oui ! À temps plein, non ! »
Télétravailler de chez soi occasionnellement ne présente aucun danger d’isolement, mais c’est lorsque ça devient systématique que la menace apparait.
Les risques d’anxiété et de dépression sont bien réels. Il faut déployer des changements radicaux pour se sociabiliser : sports collectifs à l’extérieur, rassemblements associatifs, activités sociales en dehors du travail.
Être réduit à n’être qu’une adresse email peut entrainer un phénomène de déshumanisation. Le manque d’interaction réduit le nombre de discussion informelle et toute ce qui apporte la créativité dans les équipes, dans lesquelles il est aussi plus difficile de se sentir intégré.
3. Un challenge managérial
« Je ne veux pas fliquer », « Je ne sais pas animer le collectif », « Je suis fatigué(e) de passer ma journée au téléphone ».
La plupart des managers se sentent plus à l’aise dans un échange face à face qu’au travers d’une visioconférence. À distance, les paroles n’ont pas toujours le même impact, les malentendus sont plus vite arrivés. Le risque est alors d’accompagner moins efficacement ses collaborateurs en télétravail.
De plus, il faut garder à l’esprit qu’avec la distance et sur la durée, la complicité ou la confiance se distendent aussi presque naturellement, ce qui entame la qualité de la relation créée.
Le manager peut, sans s’en rendre compte, en arriver à s’exonérer de son devoir de pilote d’équipe et en délaisser certains. Le challenge est de savoir valoriser le travail de tous dans le respect. A distance, il doit forcément faire preuve de plus de flexibilité, faire preuve de plus de transparence sur les décisions stratégiques et plus de partage pour faire ressentir les valeurs de l’entreprise.
4. Les coûts liés à sa mise en place
Avant le confinement, la majorité des entreprises disaient ne pas se sentir prêtes pour mettre en œuvre les changements liés au télétravail. Dans la précipitation, il a bien fallu s’y mettre. Même si la crise actuelle aura peut-être pu faire tomber certains freins, la liste des obstacles est pourtant longue et souvent liée aux coûts. Pêle-mêle : la formation des managers, le coût des formations pour tous (force de vente, outils, modes de communication, etc…), l’attachement au travail des salariés (eh oui !), la peur d’être loin du cœur des supérieurs hiérarchiques et des bruits de couloir en cas de crise de l’entreprise, les surcoûts liés aux installations informatiques à domicile, la sécurisation des données, la protection de la vie privée…De vastes sujets qui demandent des études réglementaires et surtout de prévoir des investissements.
5. La nécessaire refonte des organisations
C’est finalement le sujet de fond, synthèse des 4 premiers points : comment transformer l’organisation et y associer la culture d’entreprise ? Les rituels managériaux ne peuvent plus être les mêmes.
Les entreprises qui décideront de se lancer plus en profondeur dans le télétravail devront donc refonder leur organisation. Il faudra repenser les choses de manière systémique, organiser les espaces de travail, les fournitures d’informatique, de matériel, la gestion des ressources humaines.
Le management ne pourra plus être autoritaire, cela ne marcherait pas. Si les personnes décrochent et partent, c’est l’entreprise qui perdra des compétences. Il faudra les booster grâce aux formations. En outre, il est plus difficile de résoudre une difficulté seul, et plus difficile aussi de demander de l’aide ou un conseil à un collègue à distance. C’est toute l’organisation qui est à revoir.
Enfin, il faudra traiter des fractures sur les sujets liés aux nouveaux outils et modes de communication, parfois moins maîtrisés par les plus anciens. Bref, pour persister dans la voie du télétravail massif, ça ne sera pas simple de tout changer.
Si le télétravail partiel est très apprécié, le pratiquer à temps plein n’est pas la panacée. Cela nécessite d’apprendre à modifier ses modes de communication, son management, apprendre à gérer son temps et son stress différemment, à agir sur la motivation individuelle et collective. Chez Booster Academy, nous proposons des formations pour vous accompagner dans vos challenges liés au télétravail. Ressortez grandi d’un parcours de formation personnalisé, proposé dans l’un de nos centres d’entraînement partout en France.